Biscarrosse-Plage

Les mois d’août de mon enfance sentaient la mer, le sable et la crème solaire. C’était Carnon-Plage et son soleil qui tape. Mes parents faisaient le trajet quotidien depuis Montpellier, où on habitait, on se garait le plus près possible du bar de l’hôtel Gédéon, où ils prendraient à coup sûr une « mousse » bien fraiche quelques heures plus tard avant de repartir, et on posait serviettes et parasol sur la plage en face, de l’autre côté de la rue. On arrivait le matin, avec notre pique-nique, des oeufs durs et des sandwiches la plupart du temps, et je passais des heures, épuisette en mains, à traquer des crevettes et des crabes avec mon frère dans les digues de rochers. C’était un joyeux bordel d’émotions. J’aimais cette sensation de chaleur sur la peau, le sable couleur d’or, l’odeur salée de l’air et le bruit des touristes qui s’amusent. J’ai vieilli et depuis une dizaine d’années, j’ai troqué la Méditerranée pour les Landes, et Carnon pour Biscarrosse-Plage, une petite station balnéaire coincée entre la forêt et l’Atlantique. Ca sent les pins et l’iode, et l’été, j’y retrouve ce que j’aime: des touristes venus de partout et de toute classe, des bourgeois aux prolos, une foule joyeuse qui se jette dans les rouleaux et se promène sur l’esplanade centrale. Il y a du sable, des corps qui bronzent et des coups de soleil, des cris de gamins, des vendeurs de glace. C’est cet état de joie et de chaleur, cet abandon propre aux vacances d’été et ce parfum de mon enfance que je tente de traduire en images depuis dix ans.